Date de fondation : 6 mai 2004
Historique
En nommant le nouveau Supérieur général du Séminaire de Québec, une communauté de prêtres diocésains fondée par le bienheureux François de Laval le 23 mars 1663, Monseigneur Maurice Couture, alors archevêque de Québec, lui a confié un mandat de voir à ce que « que soit resituée la mission du Séminaire dans le contexte que vit présentement l’Église de Québec. » (Lettre aux prêtres du Séminaire le 11 juin 2002).
Après une période de consultation et de concertation, le cardinal Marc Ouellet, notre nouvel archevêque, a transmis au Supérieur général du Séminaire dans une lettre en date du 5 janvier 2004 son désir, déjà esquissé le 10 juin 2003 lors de sa rencontre avec la communauté des prêtres, que le Séminaire de Québec devienne le maître d’œuvre « d’une œuvre d’envergure, écrit-il, de l’ordre de l’évangélisation auprès des jeunes et par les jeunes, en un lieu facilement accessible auquel les jeunes pourraient s’identifier, et où pourraient être menés des projets divers qui soient de nature à faire connaître et aimer Jésus-Christ et l’Église, lieu de ressourcement, d’animation, de soutien, de création, sous la supervision d’une équipe compétente. »
Dans la suite de sa lettre, le cardinal Ouellet écrit qu’après que le Service de la pastorale du diocèse lui ait présenté un rapport sur la « possibilité de l’implantation d’un centre pour la nouvelle évangélisation dans notre diocèse, spécialement au profit des jeunes adultes » (rapport que le Conseil du Séminaire a reçu lui aussi), il a décidé de donner son appui à ce projet et qu’il souhaite qu’il reçoive un accueil favorable de la part des membres du Conseil du Séminaire.
C’est cette demande du cardinal Ouellet qui a amené le Conseil du Séminaire à fonder et mettre sur pied une nouvelle œuvre dans l’esprit de son fondateur dont l’audace apostolique et l’ardeur évangélisatrice sont bien connues. Celle-ci veut reprendre le flambeau de la proposition de Jésus-Christ aux générations montantes comme l’ont fait et continuent de le faire les prêtres du Séminaire à travers leurs œuvres : le Grand Séminaire (depuis 1663), le Petit Séminaire (1668-1987), l’Université Laval (1852-1970), la Maison François de Laval Centre de vocation (depuis 1977), le Centre d’animation François de Laval dans sa nouvelle mission (depuis 1993). Ce vent de renouveau s’inscrit dans les efforts de notre Archevêque pour « rajeunir l’Église », comme il le demandait aux jeunes de la JMJ le 12 avril 2003.
ÉNONCÉ DE MISSION
Aider les jeunes Adultes à connaître Jésus-Christ et à Le suivre dans une vie chrétienne adaptée à leur situation.
La formulation de l’énoncé de mission a adopté volontairement une forme concise qui répond aux deux questions essentielles dans la poursuite d’une œuvre d’évangélisation : « vers qui allons-nous ? » et « pourquoi ? ». Les « jeunes adultes » sont identifiés comme ceux à qui s’adresse en premier lieu ce « Centre » et le but poursuivi est de les aider à « connaître et suivre » Jésus.
C’est le programme de toute évangélisation, comme le rappelait Jean-Paul II dans sa lettre Novo millennio ineunte lorsqu’il écrivait :
« Nous nous interrogeons avec un optimisme confiant, sans pour autant sous-estimer les problèmes. Nous ne sommes certes pas séduits par la perspective naïve qu'il pourrait exister pour nous, face aux grands défis de notre temps, une formule magique. Non, ce n'est pas une formule qui nous sauvera, mais une Personne, et la certitude qu'elle nous inspire : Je suis avec vous ! Il ne s'agit pas alors d'inventer un « nouveau programme ». Le programme existe déjà : c'est celui de toujours, tiré de l'Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu'il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l'histoire jusqu'à son achèvement dans la Jérusalem céleste. C'est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s'il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire. » [1]
Objectifs
Cet énoncé de mission pour le « Centre pour la nouvelle évangélisation auprès des jeunes adultes » se déploiera et se concrétisera à travers les objectifs suivants :
1. proposer aux jeunes adultes l’adhésion au Christ, comme centre de leur existence, et l’appartenance à l’Église comme chemin de vie et de liberté qui transforme le monde ;
2. former et soutenir des jeunes adultes pour en faire des leaders capables de témoigner de l’Évangile dans leur milieu de vie et être les « apôtres de leurs camarades »[2] dans les collèges, les universités, le monde du travail et des loisirs, en s'adaptant à leur sensibilité ;
3. développer la créativité et l’innovation dans l’annonce de l’Évangile dans les circonstances actuelles en favorisant l’utilisation d’outils culturels appropriés tels l’expression artistique et symbolique en général, la musique, le cinéma, la réflexion sur l’actualité, les expositions, l’Internet, etc. ;
4. inciter à des formes d’engagements concrets de solidarité humaine en relation avec les enjeux importants de la société comme la protection de l’environnement, l’engagement pour la paix, le support aux exclus de toutes sortes, etc. ;
5. présenter les divers ministères et vocations dans l’Église, afin de permettre aux jeunes adultes de choisir leur vie à la lumière de l’Évangile ;
6. développer un réseau de soutien à travers des personnes relais et assurer leur formation et leur ressourcement en vue de la réalisation de la mission du « Centre ».
Explications
Ces objectifs sont tous des plus importants. Cela ne veut pas dire toutefois qu’ils devront nécessairement apparaître dans cet ordre sur le terrain des réalisations. Dans certains cas, un objectif ou l’autre prendra le devant de la scène sans pour autant faire oublier les autres auxquels il est intégré.
On reconnaît ici deux ordres de priorité. Le premier est celui de la vision et de l’inspiration, et le second est celui du terrain où s’incarnent celles-ci dans des circonstances déterminées et avec des personnes concrètes. Les deux niveaux sont complémentaires et indispensables, car autrement, on risque de se retrouver « dans les nuages » ou, à l’inverse, de « s’agiter » en surface uniquement.
Le premier objectif unit l’adhésion au Christ et l’appartenance à l’Église pour éviter que s’introduise comme un clivage dans la vie des jeunes. Cet objectif ne doit pas être scindé en deux objectifs selon nous, même si, dans le concret, il y aura des moments où primera la proposition de la personne de Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur. On ne veut pas que les jeunes adultes qui ont des réserves vis-à-vis l’institution ecclésiale soient tenus à distance, mais il est apparu essentiel d’unir le Christ et l’Église comme il se doit car, comme le disait Jeanne d’Arc : « Le Christ et l’Église, c’est tout un ».
En effet, si l'on ne saisit pas le lien intime (ce qui ne veut pas dire exclusif) qui unit l'Église à Jésus-Christ ressuscité, il est impossible d'aimer l'Église, de la comprendre et de voir en elle non seulement l’institution ecclésiale, mais aussi et surtout la réalité mystique prenant sa source dans le don de Dieu toujours renouvelé et formant le « corps nouveau » du Christ ressuscité. La « réalité institutionnelle » de l’Église, sa « réalité mystique » et sa « réalité apostolique ou missionnaire » sont indissociables et la ramènent continuellement à celui qui en est son centre : Jésus-Christ, toujours le même, hier, aujourd’hui et demain.
Le second objectif puise dans la terminologie de l’Exhortation apostolique « Ecclesia in America » publiée le 22 janvier 1999 par Jean-Paul II à la suite du Synode des Amériques. De prime abord, l’expression « apôtres de leurs camarades » surprend, mais pour cette raison même, elle attire l’attention tout en étant tout à fait cohérente avec les attentes exprimées par Monseigneur l’Archevêque depuis son arrivée à Québec.
En effet, les jeunes adultes épris de Jésus-Christ seront dans la société qui est la nôtre les principaux véhicules de transmission de la Bonne Nouvelle. Ils le feront autour d’eux avec leurs proches : « leurs camarades ».
Cette façon de faire rappelle le principe à la base de l’Action catholique que l’abbé Cardijn (1882-1967), plus tard cardinal, avait découvert dans son ministère en zone déchristianisée dans la banlieue de Bruxelles et qu’on a appelé « l’évangélisation du semblable par le semblable ».
Étant donné la rareté des institutions catholiques dans l’avenir et la faiblesse prévisible du réseautage paroissial, il apparaît primordial que l’accent soit mis sur le contact personnel assorti d’un suivi où naîtront et se construiront de nouveaux réseaux que le futur « Centre » se devrait de favoriser et développer dans un esprit de concertation et de convergence.
Le troisième objectif, en énumérant d’une façon non exhaustive quelques moyens à mettre en œuvre, souligne la « couleur » et la motivation dans le choix de ceux-ci. La créativité n’est pas favorisée pour elle-même comme un but en soi, mais plutôt comme une exigence incontournable si on veut rejoindre les jeunes adultes.
C’est ici que surgiront des façons nouvelles ou renouvelées de dire la Bonne Nouvelle[3]. On sera attentif toutefois à ce que la nouveauté n’efface pas les racines. En effet, la nouveauté dans la continuité représente un défi continuel : « nova et vetera », le « nouveau » et l’« ancien », l’« innovation pastorale » et la « transmission d’un héritage ». Cette « couleur » particulière illuminera et imprégnera tous les moyens utilisés.
Le quatrième objectif puise directement son inspiration dans le Nouveau Testament où, en effet, l’incitation à vivre la Parole de Dieu en se mettant au service des autres est continuelle ( Mt 25, 31-47 ; Jc 1, 22-27). Sur le terrain de la fraternité humaine, de la solidarité, de la compassion, le disciple suit les traces de Jésus qui s’est fait proche de toutes les personnes quelles qu’elles soient et quelle que soit leur opinion, avec une « option préférentielle » pour les pauvres, les démunis, les blessés de la vie et les laissés pour compte. Ainsi, les enjeux de la vie des gens d’aujourd’hui ne peuvent, individuellement et collectivement, être laissés de côté si l’on ne veut pas sombrer dans un « spiritualisme » de mauvais aloi et dans une isolation néfaste.
Le cinquième objectif arrime à la mission du « Centre » projeté une préoccupation que toute communauté chrétienne vivante se doit de porter et d’articuler : celle de l’éveil aux ministères et aux vocations particulières dans l’Église. Ce volet « vocationnel », qui a inspiré plus ou moins directement les « œuvres » du Séminaire dans le passé, contribuera à en prolonger l’esprit dans des formes neuves et adaptées au contexte où se trouve l’Église de Québec.
Le sixième objectif s’inspire de l’expérience des personnes impliquées auprès des jeunes adultes. Il est essentiel, à une pastorale responsable et soucieuse de soutenir les jeunes dans leur recherche et dans leur cheminement chrétien, d’avoir le support de personnes à la foi éprouvée et ayant aussi, en plus d’aptitudes certaines, des habiletés acquises à travers une formation adaptée et le partage avec d’autres qui oeuvrent sur le même terrain. Ainsi, sans devenir un « centre de ressourcement », le « Centre » projeté devrait pouvoir s’appuyer sur un tel réseau de personnes et assurer, lorsque le besoin s’en fait sentir, leur formation et leur encadrement.
Note : L’Équipe d’animation à sa réunion de mise en marche le 10 mai 2004 a retenu ce texte, approuvé par le Conseil du Séminaire le 29 avril 2004 à la suite de l’Assemblée générale spéciale des prêtres, comme Charte du Centre.
Séminaire de Québec
le 6 mai 2004
[1] Numéro 29. C’est nous qui soulignons.
[2] Expression tirée de Ecclesia in America n. 47.
[3] On en trouve plusieurs exemples bien choisis dans le document de l’Assemblée des évêques du Québec intitulé Annoncer l’évangile dans la culture actuelle du Québec, Fides, Montréal, 1999, 102 pp.
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