A. Le premier séminaire
Avant de quitter Québec pour ce séjour en France durant lequel il devait fonder son séminaire, Mgr de Laval avait acheté une vieille maison située sur l'emplacement du presbytère actuel de Notre-Dame de Québec. Il avait demandé au curé de la paroisse, M. Henri de Bernières, de remplacer cette petite maison par une construction plus grande et plus solide. En revenant dans sa ville épiscopale le 15 septembre 1663, Mgr de Laval s'installe avec ses prêtres du séminaire et les séminaristes dans ce presbytère nouvellement construit qui devient en même temps le premier évêché et le premier séminaire. Ce premier logis est donc le berceau du Grand Séminaire. Les séminaristes n'y sont cependant que cinq. Germain Morin et Lous Jolliet, qui étaient nés au Canada, et trois autres nommés Forest, Le Chevalier et Jean Caignet, qui étaient venus de France en compagnie de l'Évêque. Germain Morin et Jean Caignet furent les seuls à persévérer jusqu'à la prêtrise. S'ajoutèrent dans les années suivantes Charles-Amador Martin, Pierre de Francheville, Pierre-Paul Gagnon, Louis Soumande et Louis Petit; tous devaient accéder au sacerdoce.
Mgr de Laval, ne voulant pas remplir lui-même la tâche de supérieur du Séminaire, désigne l'abbé de Bernières à ce poste et lui adjoint, comme assistant et procureur, MM. de Maizerets et Dudoyt.. Ces trois prêtres sont chargés par l'Évêque non seulement d'administrer le Séminaire et la cure de Québec, mais aussi, naturellement, de former les séminaristes. Cette maison se révèle rapidement trop étroite pour être à la fois l'évêché, le presbytère et le Séminaire. On lui adjoint, dès 1667, une grande construction de bois, placée en forme de croix au chevet de l'Église, et c'est elle qui héberge désormais les séminaristes et leurs directeurs.
B. Le 2e Grand Séminaire (1667-1681)
Il est évident que le séminaire-presbytère ne peut être que temporaire. Dés la fin de l'année 1663, M. de Bernières, en sa qualité de curé de Québec, fait une réunion des marguilliers et obtient de la Fabrique tout le terrain nécessaire pour bâtir le nouveau Séminaire. Sur un plan anonyme, dressé en 1670, on voit que cette nouvelle construction est un édifice compliqué, en forme de croix, qui comprend l'évêché, les locaux des prêtres, le pavillon des séminaristes, la cuisine et le réfectoire. Cet édifice rejoint le chevet de l'église paroissiale et se trouve sur le terrain occupé aujourd'hui par le presbytère Notre-Dame et l'archevêché. Ces bâtiments sont terminés à l'automne 1667 et c'est là que Mgr de Laval vit avec ses séminaristes et ses prêtres jusqu'en 1681. En 1668. Mgr de Laval reçoit une lettre de Colbert, laquelle lui transmet une demande de Louis XIV. Il s'agit d'ouvrir une école dans le but de franciser des jeunes indiens. L'Évêque et les prêtres du Séminaire ne se font pas d'illusion quant à ce projet; s'ils acceptent avec empressement, c'est qu'ils voient là une bonne occasion de hâter la fondation d'un petit séminaire. Une vielle maison, achetée de Mme Guillaume Couillard et située à l'endroit actuel de la cour intérieure tout près de la porte centrale de l'aile de la procure, est rapidement aménagée. Le 9 octobre, Mgr de Laval inaugure le Petit Séminaire de l'Enfant-Jésus. Les premiers élèves furent sept Français et six Hurons. Ces derniers quittent bientôt sans être remplacés. Des sept jeunes Français, quatre deviendront prêtres du Séminaire de Québec. Le nombre des élèves ne tarde pas à croître, de telle sorte qu'ils sont 25 en 1674 et 33 l'année suivante. La maison où loge le Petit Séminaire ne peut répondre aux besoins de cette communauté grandissante d'élèves et de prêtres. Mais ce n'est qu'en 1675 (Numéro 1)que Mgr de Laval peut se procurer les fonds nécessaires pour une nouvelle construction en échangeant l'Île d'Orléans pour la Seigneurie de l'Île Jésus qu'il acquiert de François Berthelot le 24 avril. Cette nouvelle bâtisse que Mgr de Laval fait édifier a 110 pieds de long sur 30 de large; elle comprend trois étages. [Elle est située à l'extrémité nord ce qui est actuellement l'Aile de la procure selon le résultat des recherches archéologiques de Daniel Simoneau en 1997]. Le 7 décembre 1677, Mgr de Laval bénit la nouvelle maison et le lendemain, en la fête de l'Immaculée Conception, quatorze pensionnaires et sept séminaristes entrent dans ce nouveau bâtiment. Jusque là le Grand Séminaire occupait encore la rallonge en croix du presbytère au chevet de la cathédrale dont il a été question plus haut.
C. Le 3e Grand Séminaire (1681-1865)
Après le Petit Séminaire, c'est le tour du Grand Séminaire de s'agrandir encore une fois. Le nombre des séminaristes et des prêtres augmentant chaque année, ils étaient de plus en plus à l'étroit dans la maison de 1667. Au mois de mai 1678, après avoir rasé la maison de Madame Couillard, on commence la construction d'un grand corps de logis [il s'agit de l'Aile de procure actuelle] et cet édifice est terminé en 1681. Situé là où se trouve actuellement l'aile est du Vieux Séminaire, c'est la seule partie des édifices construits par Mgr de Laval qui reste encore aujourd'hui. Ce sont les mêmes murs et on y retrouve le même corridor voûté et l'ancienne cuisine de Mgr de Laval qui constitue, avec ses dalles et ses voûtes en pierre, le coin le plus typique de la maison. Avant son départ pour la France où il va donner sa démission comme Évêque de Québec, Mgr de Laval fait don au Séminaire d'une somme de 8000 livres pour la construction d'une chapelle dans laquelle il voulait être inhumé. À l'automne de 1694, la chapelle est couverte et l'extérieur est terminé. Les ouvriers du Séminaire et les séminaristes se chargent de l'ornementation intérieure. On n'a pas a se surprendre du travail des séminaristes car le règlement disait: «Ils auront tous des métiers pour s'occuper hors le temps de leurs exercices et tâcheront que leurs travaux soient utiles au Séminaire et aux Eglises.» Avec la construction de la chapelle, le Grand Séminaire et le Petit Séminaire sont reliés. De grands jardins s'y ajoutent de sorte que le tout fait un ensemble de belle apparence. Un premier incendie, le 15 novembre 1701, vient détruire tout l'ouvrage fait depuis 30 ans; des bâtiments construits de 1675 à 1696, il ne reste que des murs. On achève de relever la maison lorsque, le 1er octobre 1705, un nouvel incendie détruit le Petit Séminaire de fond en comble. On reconstruit à nouveau. Au lendemain de la conquête de Québec en 1760, le Séminaire est de nouveau tout ravagé et inhabitable, mais cette fois c'est dû au bombardement. Tout est encore à refaire. On se remet au travail dès la fin des hostilités et à l'automne de 1765, le Grand et le Petit Séminaire peuvent accueillir les séminaristes et les élèves. En 1865 et en 1888, des incendies viennent encore causer des pertes considérables. Le premier entraîne la destruction du Grand Séminaire et le second celle de la chapelle extérieure. De 1865 à 1885, le Grand Séminaire logea dans la partie reconstruite de l'ancien Grand Séminaire et dans l'étage ajouté à l'Aile de la procure qui, en 1950, accueillait encore des ecclésiastiques qui l'appelait "les petites missions" à cause de sa vétusté.
D. Le 4e Grand Séminaire (1880-1959)
En 1865, à la suite à l'incendie du Grand Séminaire, on s'était content de relever l'Aile de la procure d'un étage. Le nombre de grands séminaristes croissant, en 1880, on construit un nouvel édifice, plus vaste et plus confortable dont l'architecte est Louis-Ferdinand Peachy. C'est ce qui est aujourd'hui le Pavillon Jean-Olivier Briand du Séminaire de Québec. Cet édifice accueillera les grands séminaristes jusqu'en 1959. Bref, le Grand Séminaire de Québec s'installa dans l'édifice construit par Peachy expressément pour les grands séminaristes et leurs professeurs.Il y resta de 1880 à 1959. La croissance du nombre de séminaristes amena à regarder ailleurs, mais il devait se passer bien des années avant qu'un nouvel édifice apparaisse. Ce qui arriva en 1959.
E. Le 5e Grand Séminaire (1959-1978)
Déjà en 1926, on cherche une solution au problème du logement du Grand Séminaire devenu trop étroit et inconfortable. En 1939, le Cardinal Villeneuve fait préparer des plans pour un séminaire universitaire et interdiocésain qui pourrait accueillir 500 étudiants. En 1941, une première souscription est lancée, mais les restrictions causées par la guerre retardent l'exécution de ce projet. En 1952, Mgr Maurice Roy obtient que soit constituée une corporation dite «Oeuvre du Grand Séminaire de Québec pour aider à la formation des clercs par l'organisation et le maintien de centre d'études universitaires». Cette corporation a pour première mission de prendre le projet de construction en main et de la conduire à terme le plus vite possible. Le 12 mai 1957, une grande souscription se fait avec une armée de solliciteurs; elle obtient un grand succès et permet de mener à bonne fin les travaux de construction. La nouvelle construction, dans ta Cité Universitaire, est terminée pour l'entrée de septembre 1959.
C'est donc à la fin des années 1950, qu'on construisit le Grand Séminaire à Sainte-Foy, sur le Campus universitaire. De 1959 à 1978, l'édifice du Grand Séminaire de Québec hébergeait les séminaristes, les prêtres-professeurs, la Faculté de Théologie et pendant une période le St.Lwrence College et à la fin, les bureaux diocésains. Après la vente à l'Université Laval en 1978, il a été nommé le Pavillon Louis-Joseph-Casault en l'honneur du premier recteur de l'Université Laval.
F. Le 6e Grand Séminaire (1978-1997)
C'est cet édifice, trop vaste pour les besoins actuels, que la communauté des prêtres et des séminaristes quitte au cours de l'été 1978. Cet édifice et les terrains adjacents ayant été vendus à l'Université Laval, le Grand Séminaire se retrouve en septembre 1978 dans le couvent des Soeurs de la Sainte-Famille-de-Bordeaux (au 2142 chemin Saint-Louis) à Sillery. Il y demeurera jusqu'en 1997 dans le même édifice que la communauté des Soeurs de la Sainte Famille de Bordeaux. C'est la première fois dans sa longue histoire que le Grand Séminaire occupe des locaux loués et que les prêtres-professeurs ainsi que les séminaristes n'ont plus leurs classes dans le même édifice que celui où ils logent.
Réf.: M. Bouchard, LE GRAND SÉMINAIRE Une résidencein
Pastora1e-Québec, vol.91 no 4, 15 février 1979 pp. 76-79.
ADDENDUM par Mgr Hermann Giguère P.H.
G. Le 7e Grand Séminaire (1997-2018 )
Depuis 1997, le Grand Séminaire de Québec est de retour dans le Pavillon Jean-Olivier-Briand du Séminaire de Québec au 1, rue des Remparts (Numéro 17). Le Grand Séminaire se situe aux deux derniers étages de ce pavillon, alors que les étages inférieurs sont occupés par la résidence des membres de la communauté des prêtres du Séminaire de Québec et par les bureaux de l'administration. Le réfectoire au sous-sol, quant lui, sert pour les prêtres et les séminaristes de même que la chapelle du 6e étage.
G. Le 8e Grand Séminaire (2018- )
Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, annonce le 20 février 2018 que le Grand Séminaire de Québec quittera le Vieux-Québec pour emménager en août 2018 dans la Résidence Notre-Dame-de-Recouvrance du 233, avenue Giguère dans le secteur Vanier de la Ville de Québec à la suite d'une entente avec la communauté des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec qui la quitte en juin 2018.